La
petite histoire de la coopérative
Il
n'est pas facile de raconter plus de 60 ans d'histoire en quelques
lignes. Nous nous en sommes donc tenus aux principaux événements qui
ont jalonné cette histoire.
La
fondation et le développement du village et de la Coopérative de
travail de Guyenne sont intimement liés. Situé à 50 km au nord-ouest
d’Amos, en Abitibi, les deux ont pris naissance en 1947.
Suite
à la grande dépression des années 1920, les promoteurs de la
colonisation rêvent de défricher tout le sol cultivable de la
province. Dès cette époque, la Fédération des sociétés de
colonisation voyait dans le système coopératif la voie à suivre pour
le développement des nouvelles colonies.
En
1946, après plusieurs études et démarches auprès des instances
gouvernementales en place, la Fédération des sociétés de
colonisation, conjointement avec la Fédération des chantiers coopératifs
du nord-ouest mettent en place une formule de développement en coopération
qui mènera à la fondation du Syndicat coopératif « Les
Pionniers de Guyenne » un an plus tard, en 1947. Dès lors, 190
lots sont mis à la disposition de ce syndicat : le village de
Guyenne est né.
De
son premier nom, le Syndicat coopératif « Les Pionniers de
Guyenne », sera connu plus tard sous l’appellation Syndicat de
travail de Guyenne, l’Association coopérative de travail de Guyenne
ensuite et finalement, sous son nom actuel, la Coopérative de travail
de Guyenne.
Pour
obtenir un des 190 lots, les colons devaient devenir membre du Syndicat
coopératif et adhérer à ses principes, mis en place par les premiers
défricheurs eux-mêmes. Ce qui distinguera principalement « Les
Pionniers de Guyenne » des autres chantiers coopératifs est
certainement l’engagement des membres à renoncer à l’entreprise
privée. C’est ainsi que sont nés par la suite d’autres coopératives
dans le village, comme le Syndicat de Guyenne (coopérative de
consommateurs), une coopérative d’habitation, les Serres coopératives
de Guyenne, etc.
Le
Syndicat coopératif « Les Pionniers de Guyenne » était dès
les débuts le maître d’œuvre de tous les travaux d’aménagement
du territoire : défrichement, drainage, construction des bâtiments
et des routes, etc. Il assurait par le fait même un emploi stable,
permanent et bien rémunéré aux habitants du village.
En
1957, dix ans après l’établissement du village et du Syndicat coopératif,
71 membres occupent chacun un lot qu’ils défrichent et améliorent.
Dans la même année, le Syndicat fait l’acquisition d’une
concession forestière comprenant, outre un territoire de coupe, une
scierie, des bâtiments et les équipements nécessaires à la
transformation du bois.
Situées
à Press, près de la voie ferrée traversant l’Abitibi d’est en
ouest, à plus de 40 km à l’est de Senneterre, ces installations
seront opérées par la Syndicat de 1957 à 1966, année où il mit fin
à ces opérations.
Les
années 1960, bien qu’ayant contribuées à l’essor du Québec, ont
été très difficiles pour les petites localités :
l’industrialisation se développe, l’agriculture se modernise et le
gouvernement délaisse les petites localités dont plusieurs ne s’en
remettront pas. Guyenne et l’Association coopérative de travail n’échapperont
pas à ces bouleversements.
Possédant
une usine de sciage à Guyenne même depuis de nombreuses années, usine
qu’elle désire moderniser, l’Association coopérative essuie un
refus du gouvernement de lui assurer un approvisionnement stable et adéquat.
Après une longue lutte, elle doit fermer définitivement son usine à
l’automne 1972.
Elle
obtient cependant un volume de coupe de 3 millions de PMP qui devra être
transformé soit à Launay ou Taschereau. De plus, des travaux
sylvicoles de près de 100 000 $ annuellement lui sont accordés
pour cinq ans à être réalisés dans les forêts avoisinant le village
de Guyenne.
Ces
travaux ont permis à la Coopérative d’acquérir une expertise qui
lui permettra de se démarquer et devenir un chef de file en travaux
sylvicoles. Nous en étions alors aux premiers balbutiements en
sylviculture au Québec. Outre le reboisement, la Coopérative sera la
première en région à effectuer des travaux d’éclaircies
commerciale et précommerciale, de dégagement de plantation et de préparation
de terrain pour le reboisement. Elle acquerra ainsi plusieurs équipements
comme des scarificateurs Brackë, des Waddell et des TTS en plus de se
munir de camps forestiers mobiles. Évidemment, tous ces développements
se sont échelonnés sur plusieurs années, de 1970 jusqu’aux années
1990.
Mais
entretemps, la Coopérative et ses membres continuent à s’investir
dans le développement de leur communauté. En 1980, la Coopérative
octroie une avance de fonds très importante aux membres fondateurs des
Serres coopératives de Guyenne.
Vers
la fin des années 1980, la Coopérative et ses membres acquièrent de
nouveaux équipements : tracteur versatile pour effectuer des
travaux de débroussaillage mécanisé, abatteuse multifonctionnelle
effectuant les opérations d’abattage, d’ébranchage et de débitage
ainsi que des équipements de transport de bois, camions auto-chargeurs.
Au
cours des années 1990, la Coopérative diversifie ses opérations en
obtenant des contrats de coupe de bois dans le nord-est ontarien, mais
principalement par un contrat de plusieurs années de la compagnie
Domtar. La Coopérative doit effectuer la planification, l’exécution
et le suivi technique de tous les travaux d’aménagement devant être
réalisés dans les secteurs de Lebel-sur-Quévillon et Matagami.
Au
début des années 2000, le contrat de gestion avec Domtar prend fin et,
par suite de changements administratifs chez Domtar, il ne sera pas
renouvelé.
En
même temps, une « guerre commerciale » menée par les
entreprises américaines à l’endroit des industriels canadiens et québécois
débute. Celle-ci sera suivie par une crise forestière sans précédent.
La
Coopérative de travail est frappée de plein fouet par ces événements :
les usines, clientes de la Coopérative, ferment les unes après les
autres. Faute de travail, les membres désertent en grand nombre. Les
revenus chutent dramatiquement et après plus de 50 ans d’existence,
la survie de la Coopérative est en péril.
Mais
après quelques années de flottement, les membres reprennent espoir et
mettent la main à la roue pour sauver leur coopérative. Aujourd’hui,
celle-ci effectue des travaux de coupe de bois sur les lots
intra-municipaux ; elle est conseiller technique accrédité par
l’Agence de mise en valeur des forêts privées ; elle effectue des
travaux de voirie municipale pour le compte de la MRC d’Abitibi et le
Ministère des transports du Québec ; elle travaille à la mise en
place d’un projet de forêt de proximité en partenariat avec la MRC
d’Abitibi, le Comité de citoyens de Guyenne, la municipalité de
Launay et le Comité de relance de Launay et Guyenne ; elle travaille à
l’élaboration d’un projet de terrain de camping sur les rives du
lac Chicobi, situé à quelques kilomètres de Guyenne.
La
Coopérative de travail de Guyenne a donc toujours agi comme moteur de développement
économique et social important dans sa communauté.
Elle
a été, dès ses débuts, un partenaire incontournable. Elle a été le
principal promoteur du Syndicat de Guyenne, magasin général coopératif
(ne pas confondre avec le Syndicat de travail de Guyenne) ; elle a
fourni un montant de 10 000 $ lors de la fondation de la
Caisse Populaire de Guyenne en 1953 pour en assurer la rentabilité ;
elle a mis sur pied, en 1974, la Corporation de développement de
Guyenne, organisme indépendant toujours existant ; elle concède une
avance de fonds de 40 000 $ en 1980 pour la fondation des
Serres coopératives de Guyenne en plus de lui assurer une somme
importante en cautionnement ; en 1985, c’es la Coopérative
d’habitation qui se voit offrir une aide financière substantielle.